Un texte écrit pour les enfants participants à la Chocoteuf de Métalu dans la mairie de Lille.

Le chocolat est une invention assez récente, puisque c’est seulement dans les années 30 qu’un ingénieur hollandais, Benco Van Houten, est parvenu, après de longues années de travail, à obtenir la première plaque de chocolat. C’était une plaque d’environ dix-huit mètres de long sur onze mètres de large qui pesait deux cents tonnes. Elle était constituée d’un mélange de pétrole, de sciure de bois, d’huile, de carton bouilli, de goudron, de boudin noir et de sucre. Aujourd’hui, on remplace le boudin noir par des céréales, mais la recette est fondamentalement la même.
Grâce au progrès technologique, la taille des plaques de chocolat n’a cessé de diminuer depuis lors. Elles pèsent aujourd’hui cent grammes en moyenne, et on espère arriver avant la fin de l’année à des plaques de chocolat de dix grammes, ce qui représenterait un progrès considérable. En attendant, on ne peut que spéculer sur les plaques de chocolat du futur, qui seront invisibles à l’oeil nu.

J’en vois déjà qui froncent les sourcils, car on leur a appris à l’école que ce sont les Aztèques qui ont inventé le chocolat. Alors là, laissez-moi rire, croyez-vous que des gens costumés de façon aussi ridicule aient pu inventer quoi que ce soit ?
Il est exact que les Aztèques, avaient mis au point une boisson ressemblant fort au chocolat, mais elle était confectionnée avec du cacao. Vous voyez bien qu’il n’y a qu’un lointain rapport avec le chocolat tel qu’on le connaît actuellement.
Il faut pourtant savoir que Van Houten a bénéficié du travail acharné de nombreux prédecesseurs. Ainsi, dès 1412, l’alchimiste Nicolas Flamel aurait réussi à changer du plomb en chocolat. Mais comme son but était de changer le plomb en or, il considéra cette transmutation comme un échec.
Il faut attendre 1730 pour que le chimiste Duverrier fabrique un chocolat rudimentaire en utilisant du bromure d’hydrogène qu’il calcine dans un autoclave, puis qu’il mélange à du calcium précipité dans une solution de carbonate de soude avant de le cristalliser avec du permanganate de potassium, afin d’éviter tout phénomène capillaire pouvant mener à une percolation trop brutale. C’est une totale réussite, malgré le fait que ce chocolat soit hautement inflammable.
À l’époque, personne ne songe encore à manger le chocolat. On lui réserve d’autres usages, comme la lubrification des machines à vapeur ou la teinture des tissus d’ameublement.
C’est en 1807 que Jean-Joseph Banania trouve le moyen de réduire le chocolat en poudre. Il présente sa découverte à Napoléon, qui le fait fusiller sur le champ. Il faut dire qu’à l’époque le petit-déjeûner n’avait pas encore été inventé, et que le chocolat en poudre était donc totalement inutile.

Le problème principal dans l’industrie chocolatière est sa difficulté d’extraction. Longtemps, pour se procurer du chocolat, il fallait descendre au fond d’un puits très profond, et là, extraire le minerai de cacao avec des pioches. C’est surtout les enfants qui s’y collaient, parce qu’ils étaient assez petits pour ramper dans les galeries.

Un autre problème avec le chocolat, ce sont les nombreuses personnes atteintes de chocolâtrie, une dépendance qui fait de terribles ravages. Les consommateurs sont prêts à tout pour leur dose, et on peut voir ici deux de ces malheureux s’adonner à leur vice répugnant.

Lorsqu’il est consommé à des doses excessives, le chocolat est une drogue redoutable capable de transformer le pire agneau assoiffé de sang en un pauvre petit loup innocent.