merde ! vl’à qu’j’ai l’cancer du côlon
vl’à qu’j’ai l’cancer du cul
des cellules se multiplient anormalement dans mon cul
bientôt je ne serai plus qu’un cul
je ne serai bientôt plus qu’un gigantesque cul
on me reconnaîtra plus
on dira c’est qui cette face de cul
mais c’est moi ! que je dirai
mais je pourrais rien dire
je ne pourrai que péter
pourtant j’essaierai de me faire comprendre
j’essaierai de parler
prout que prout
mais pour parler je serai incompétent
je serai un cul pétant
je serai réduit à la pétance
je n’aurai d’appétence que pour les pets
je vivrai par les pets
et je périrai par les pets
heureusement j’aurai vécu ce que vivent les culs
j’aurai reçu des crèmes
j’aurai reçu des onguents
pour rendre ma peau douce
pour enlever les petits boutons disgracieux
que je puisse au moins sortir de temps en temps
ne serait-ce que pour péter
et je me serai tortillé d’aise
si tant est que des grosses fesses puissent se tortiller
quand une main amie m’aura administré la pommade
en l’appliquant d’un mouvement circulaire
pour bien la faire pénétrer
dans la peau de fesses qui me tient lieu de visage
oh je voudrais que ce soit toi
je voudrais que ce soit toi qui m’administre cette panacée
et si ce n’est pas toi comment veux-tu que je le sache
avec ma face de cul
face de cul n’a pas d’oreilles
face de cul n’a pas d’œil
face de cul ignore totalement qui lui administre la pommade
c’est peut-être un vieux moustachu qui sent mauvais
comment veux-tu que je le sache
face de cul n’a pas de nez
je peux juste sentir sa moustache qui frotte
c’est désagréable
c’est insoutenable
faites-moi mourir
j’ignore totalement si c’est une sale moustache
ou bien les cils délicats d’une blonde sylphide et vaporeuse
parfumée de toutes les senteurs exotiques
qui seront balayées par ma puanteur de vieux cul cancéreux
comme un massif de pivoines écrasé par un camion poubelle