Bon alors il se trouve que je passe un certain temps à écrire des textes variés, même si ce n’est pas mon activité principale. Les textes qui suivent ont été écrits entre il y a vachement longtemps et il y a quelques mois. Ils ne sont pas classés.

Naguère nadir

Au terrible sultan qui lui intimait l’ordre de dérouler le long fil des temps à venir, l’astrologue Csillag répondit : « donnez-moi quatorze jours au plus et je vous dirai tout ». Il choisit au hasard une étoile au zénith pour en suivre le cours pendant une semaine. Il releva chaque angle avec un soin maniaque et nota sa valeur sur un grand parchemin qu’au cœur de son fourneau il réduisit en cendres. Après quoi il jeûna en disant des prières, égorgea un poulet, laissa coaguler le sang de l’animal et le (...)

L’âge d’or a pris fin

L’âge d’or a pris fin cette graisse doit fondre
au canon désormais il vous faut correspondre
comme une planche à pain ou comme une limande
la platitude enfin ! c’est ce qu’on vous demande
En collants à Paris, en minijupe à Londres
au canon désormais il vous faut correspondre
il est fini le temps des bourrelets antiques
fini le ventre des statues préhistoriques
Exceptée la période où l’on vous dit de pondre
au canon désormais il vous faut correspondre
les Vénus d’aujourd’hui ont l’abdomen concave
Femme ! (...)

Lu aux obsèques de Maurice Chamontin

À Maurice Chamontin, 1939-2024
L’Ardéchois, c’est connu, a la caboche dure Pourtant Maurice est mort en se cognant la tête. Un seul point positif à sa mésaventure : il n’aura pas fini en maison de retraite.
Il n’aura pas connu le sort des grabataires qui, le corps avachi et le cerveau en miettes, finissent leurs vieux jours percés de cathéters, à côté de leurs pompes et pas dans leur assiette.
Il préféra partir d’une façon discrète au sens où l’entendrait un mathématicien c’est-à-dire d’un coup. (...)

Cancer du côlon

merde ! vl’à qu’j’ai l’cancer du côlon vl’à qu’j’ai l’cancer du cul des cellules se multiplient anormalement dans mon cul bientôt je ne serai plus qu’un cul je ne serai bientôt plus qu’un gigantesque cul on me reconnaîtra plus on dira c’est qui cette face de cul mais c’est moi ! que je dirai mais je pourrais rien dire je ne pourrai que péter pourtant j’essaierai de me faire comprendre j’essaierai de parler prout que prout mais pour parler je serai incompétent je serai un cul pétant je serai réduit à la pétance (...)

L’amour euclidien

ou Pour une axiomatique du désir
Définitions 1. L’étincelle est ce dont l’obscurité est nulle. 2. Un baiser est une langueur sans langue. 3. Les fantasmes d’un baiser sont des étincelles. 4. Le baiser désirant est celui qui est doucement donné entre ses étincelles. 5. Une caresse est ce qui a langueur et langue sans sexe. 6. Les fantasmes d’une caresse sont des baisers. 7. Une caresse humide est celle qui est doucement donnée entre ses baisers désirants. 8. Un cœur humide est l’inclination (...)

Les mots de trois ans

Elle mord ses poings la dame triste
Elle pleure son ancien mari
Il a fondu dans la montagne
Dans l’escalier de la montagne
Elle va tromper son regard triste
Où repose son vieux mari
Elle dit bonjour à son mari
Et les oiseaux de la montagne
L’entourent de leur ombre triste.
*
Quand le long serpent jaune
Se frotte sur les arbres
Il va pleuvoir
Quand le chien qui aboie
Roule sa langue pâle
Il va pleuvoir
Quand la rivière sèche
Tousse de la poussière
Il va (...)

Texticules obscènes

Rosa Bonheur présenta en juin 1864 à Napoléon III une scène champêtre au crépuscule, à l’arrière-plan de laquelle se découpait un vieil orme sur lequel on devinait une chouette. Quand elle présenta son tableau à l’Empereur, celui-ci lui fit part de son aversion pour les rapaces nocturnes. Alors, en le regardant dans les yeux, elle retira lentement sa hulotte.
Dans les cuisines du Ritz, le chef de partie réprimande un commis de cuisine qui a sorti trop tard le poisson du congélateur : mais tes thons sont (...)

Des noseries

En triant de vieux papiers, j’ai retrouvé ce texte qui date de mes années de lycée ou d’hypokhâgne-khâgne. Je le mets là pour mémoire…
Un faux Chinois s’est avéré être un chaud Finnois
Il y avait toujours trop d’étoiles au-dessus des toits des trolls.
L’évaluation des coûts est plus élevée que l’évacuation des loups.
La page a coulé dans la cage à poulets.
La passion du général c’est la génération du pal.
Ô prison de la rose, horizon de la prose !
Un navire chavire : les noyés sont choyés.
On choisit ses maires (...)

Ivan le terrible

Un poème qui répond à une consigne de Patricia H. lors d’un atelier d’écriture qu’elle animait : « raconter une histoire dont le vent soit un personnage ».
Ivan était énervé
en voulant faire une bise
il m’a donné un soufflet
et m’a froissé ma chemise
Ivan fait des ronds dans l’eau
et peut transporter du sable
il fait ployer les bouleaux
de quoi d’autre est-il capable ?
quand il est très agité,
Ivan décorne les bœufs
pour s’amuser il nous met
des poussières dans les yeux
un jour Ivan pris de rage
saisit (...)

La corde

J’ai toujours avec moi une corde pour me pendre. On ne sait jamais quand le besoin s’en fera sentir : les occasions sont innombrables. L’autre jour, Ophélie m’avait donné rendez-vous pour la deuxième fois. Ophélie est une fille charmante, et j’attendais ce second rendez-vous avec d’autant plus d’excitation que le premier ne s’était pas déroulé exactement comme je l’aurais rêvé. Sans doute mes gestes maladroits l’avaient-elle décontenancée, à moins que ce ne soit ma conversation (je suis assez doué pour la (...)

Pour vous occire (rondeau)

à Dominique Brancher
Pour vous occire on pose des rubans
qui tristement du plafond dégringolent
on vous entend vrombir quelques instants
puis c’est la mort qui vous prend dans sa colle.
Mais en son for l’insecte succombant
maudit l’humain pour sa cruauté folle
car pour occire il pose des rubans
qui tristement du plafond dégringolent.
Des belles joues vous rehaussez le blanc
et de la mort vous êtes un symbole
vous n’avez pas le charme des lucioles
c’est pour cela que depuis trop longtemps
pour (...)

Ode à Saturne

Dans le bronze nocturne
Sur un minaret d’or
Saturne
Faisait un mirador
Saturne une âme claire
Tient au bout d’une attache
Mystère
Ton nez et ta moustache
Orbe aveugle et céleste
Quel séraphin tartufe
Nous teste
Sous ta face de tuf ?
Quel lombric te rumine
Quand ton vinyle obscur
S’affine
En biscuit miniature ?
(Copie du message posté sur Facebook le 2 mai 2021 : c’est ennuyeux, je viens de retrouver ce poème assez hugolien sous forme tapuscrite dans le bordel de mon bureau, et je l’aime bien (...)

Le marché des changes

Une interview de mon fils Raoul réalisée juste après sa naissance, en juin 2007.

Voyage en Sinusite

Texte écrit et sons enregistrés en janvier, février et mars 2002.
Quelques explications sur ce que vous entendez
21 janvier 2002
Étrange expérience que celle qui consiste à transporter un corps (le mien en l’occurrence) hors de son milieu d’origine (Lille, nord de la France) pour le plonger dans un environnement plus chaud, plus humide, et surtout infiniment plus propice a l’épanouissement de diverses espèces de moustiques et de bactéries intestinales. C’est la première fois que je suis confronté (...)

Contre les problèmes de dos

Texte lu le 20 juin 2014 à Lille
Apprenant que Jacques Roubaud nous faisait faud bond à cause d’un problème de dos, le Conseil d’administration de Zazie Mode d’Emploi a envisagé divers moyens de remédier à cette situation. Nous proposons finalement la suppression pure et simple de cet organe encombrant – le dos – qui ne sert finalement pas à grand-chose. On m’objectera que le dos sert au moins à casser du sucre. Mais soyons sérieux, nous vivons à l’ère du sucre en poudre. D’ailleurs, pour vous (...)

Ma vie contrainte

Ma vie en quatre étapes (naissance, enfance, âge adulte, mort) à l’aide de 17 cartes-consignes piochées au hasard parmi 64 lors d’un atelier que j’animais à Pirouésie. Une carte-consigne correspond à une phrase.
Métaphore. C’est dans le fond soyeux d’un humide tunnel que le petit Martin aperçut la lumière.
Utiliser forgeron et limande. Soufflant comme un forgeron, la parturiente termina d’expulser le nouveau-né qui la gonflait depuis des mois, en espérant redevenir plate comme une limande.
Savant. Sans (...)

Flottements

Pour l’inauguration des Fenetres qui parlent 2017
Attention, j’initie une allocution ! Chers citoyennes et chers citoyens d’ici, adultes ou jeunes, ancêtres centenaires, adolescents ou nourrissons, chers élus, chers délégués du conseil de quartier et des autres instances de consultation, chers adhérents aux intéressantes associations locales dont l’ardeur et le caractère industrieux ont des conséquences très heureuses sur le quotidien des chaleureux autochtones. J’adresse de cordiales salutations à tous (...)

Visite guidée du 9/9 bis

Texte écrit et dit à l’occasion des journées du patrimoine au Métaphone (Oignies).
Bienvenue.
Je devais commencer la visite par une rapide explication des processus qui ont conduit à l’ère carbonifère les débris végétaux à s’accumuler dans des couches sédimentaires recouvertes d’eau et à subir pendant des millions d’années des modifications graduelles de température, de pression et d’oxydoréduction sous l’effet de bactéries anaérobies, pour aboutir à la formation de ces formidables réservoirs métamorphiques (...)

Textée des feuilles mortes

Strophe 1 : dans un poème en vers mesurés, vous laissez paraître une vive émotion en adressant une demande à une personne de votre connaissance. Vous évoquez une fonction cognitive, ainsi qu’une relation impliquant une certaine quantité de lumière. Après une considération de portée générale digne d’un salon de coiffure ou d’un bar PMU, vous faites référence à un phénomène impliquant la physique nucléaire, l’astronomie et la thermodynamique.
Me voici tout tremblant d’une froide colère Je viens te réclamer (...)

Poème fondu instantané

Composé dans l’instant pendant la lecture publique des auteurs invités au festival Vibrations Poétiques, La Rochelle, 2017.
On osera quelques brefs événements sur votre herbe
Faire couler encore le merveilleux
Par la racine le nom de la couleur de la racine
Quelques insectes au cœur blafard de tant de léthargie
Les mystères les cadrans : s’y soumettre
Nous partageons le sens des images à réapprendre
Permission de décortiquer quelque femme immense
Rien semblait sec
Nos bras sur la forme dans ses bras (...)

Les mains

Bernard-Henri Lévy a des mains délicates aux ongles un peu trop longs et qui ne tremblent pas. Bernard Pivot porte les siennes à ses lèvres mais se ravise aussitôt.
Celles de Maurice Clavel soupèsent des couilles imaginaires qui jurent avec ses imparfaits du subjonctif.

Le vielleux

Sélénet à chanter sur l’air du Leiermann, le dernier des Winterreise de Schubert.
La vie n’est pas rose
Pour Monsieur Schubert
L’été se repose
Voyage l’hiver
Ses vieilles chaussures
Ont des trous béants
Aux mains des engelures
Car il n’a pas d’ gants
Qu’il pleuve ou qu’il neige
Par moins dix degrés
Il fait son solfège
De force ou de gré
Drôle de touriste
Que ce Monsieur là
Sa chanson est triste
Et nous donne froid
L’été se repose
Voyage l’hiver
La vie n’est pas rose
Pour Monsieur (...)

Je ne sais pas prononcer son nom

Je ne sais pas prononcer son nom, à l’anglaise ou à la française. L’intérêt de son nom, c’est qu’il aurait pu être celui de rigoureusement n’importe qui. J’apprendrai plus tard dans sa notice Wikipedia qu’il s’agissait d’un pseudonyme.
L’appartement : 128 mètres carrés au premier étage. Besoin de travaux. Les pièces paraissent étroites et biscornues, mais c’est à cause des livres. Après une demi-heure, incapacité de tracer un plan. Trop concentré sur les objets. Deux pièces sont vides (la chambre et la cuisine), (...)

Courses de muses

(ou Épreuves qualificatoires des figures de l’inspiration)
Nous voilà donc à quelques secondes du coup d’envoi de ces épreuves qualificatoires des figures de l’inspiration, il y a huit concurrentes au départ, une non-partante c’est Uranie, Uranie qui vient de se blesser avec son astrolabe, et qui lève les yeux au ciel il est vrai que c’est un désastre pour cette concurrente qui partait favorite, bref je vous rappelle les règles, chaque participante doit s’imposer selon sa spécialité la note finale (...)

Au palais

Poème écrit pendant Bruxelles Ba-belle après une visite au Palais de Justice. La contrainte : deux quatrains à rimes embrassées dont les 3 premiers vers ont pour longueur N syllabes, le quatrième comptant N/2 syllabes. De plus, trois des 8 vers ainsi obtenus sont contraints par un mot tiré au sort. Dans mon cas : racines grecques, voix passive, monosyllabes.
La crypte sous le péristyle
Est parcourue de sourds murmures
Qui se réverbèrent aux murs…
Mais que disent-ils ?
Sous la robe ou le pantalon (...)

La ville a des points de suture

Ces deux textes écrits dans les confortables salons de l’ambassade de France à Bruxelles après une visite guidée de Roel Jacobs pendant le festival Bruxelles Ba-belle, sont très proches de la térine, mais une phrase revient telle quelle à chaque tercet.
La ville a des points de suture
Qui font des piqûres d’insecte
De Koekelberg à Anderlecht
Partout l’historien se délecte
La ville a des points de suture
Et de sang le goudron s’humecte
De quelle opération infecte
Les toubibs sont-ils architectes ?
La (...)

Vaches

Ceci est une textée à partir du poème Nocturne de Julio Cortázar.
J’imagine tes os blancs et tes yeux tristes
Comme si la guerre mondiale avait été gagnée par des fourmis à tête de chien
Les étoiles étaient-elles éprises de moi au point que nos trajectoires se croisent ?
Sur le dôme des Écrins, l’ombre propre d’un fait-divers
L’échographie a révélé un maillot jaune
Du fond d’un clocher où je me suis jeté je contemple des nuages de fougères
Et j’entends chuter un paralytique
Mon père court autour de la table (...)

Mise en évidence de la yasminodaminose comme catalyseur efficace du déclenchement priapique chez un specimen de martinus mâle adulte (résumé)

Texte inspiré par les parodies d’écrits scientifiques de Georges Perec, notamment Cantatrix Sopranica L.
Pr. Granger, chef du service d’urologie à la faculté de médecine de Lille.
Il s’agissait de déterminer l’effet à court terme d’une immersion dans une solution catalytique de yasminodaminose à 100%. Aucun des chercheurs associés à ce laboratoire n’ayant voulu se prêter à l’expérience, nous avons choisi un exemplaire relativement courant de primate supérieur (ou présumé tel pour les besoins de (...)

Deux haïkus pour Ghislaine R.

j’aurais bien voulu
fêter tes trente balais
ça en fait des poils
trente ans c’est à peine
la moitié de la retraite
tu es jeune encore

Histoire du chocolat

Un texte écrit pour les enfants participants à la Chocoteuf de Métalu dans la mairie de Lille.
Le chocolat est une invention assez récente, puisque c’est seulement dans les années 30 qu’un ingénieur hollandais, Benco Van Houten, est parvenu, après de longues années de travail, à obtenir la première plaque de chocolat. C’était une plaque d’environ dix-huit mètres de long sur onze mètres de large qui pesait deux cents tonnes. Elle était constituée d’un mélange de pétrole, de sciure de bois, d’huile, de (...)

Dash poem

Poème généré presque automatiquement à l’aide du logiciel Dasher.
maison, livre de nos pas
faire en moins que tout n’est pas construire une fleur et l’horreur du doux courtisan soleil n’a jamais froidement rien voulu chanter d’amoureux comme le poison nommé nature
j’ai vu parfois de musique la quintessence et le pouvoir. lune damnera ses "trouviens-toi !" morne destin mais courte ordure, bizarre ange plein de chansons, fils caresseur de greniers moitié voisin mais complot infernal front passion. (...)

Interview de Raoul G.

J’ai eu la chance de pouvoir interviewer mon fils Raoul juste après sa naissance.
Je vous propose à présent de retrouver le jeune Raoul G., qui vient à l’instant de remporter la spéciale Jeanne de Flandres. Raoul G., vous m’entendez ? Vous avez fait une arrivée très remarquée. Est-ce que vous vous attendiez à cette victoire ?
Je ne dirais pas que c’est une surprise totale, parce que j’ai tout fait pour, j’y croyais vraiment, et je m’étais préparé pendant neuf mois. Mais en même temps, ça c’est passé si (...)

Que met-on dans un coffre-fort ?

Que met-on dans un coffre-fort ?
De l’emmental ou du roquefort ?
de la moutarde ou du raifort ?
des bons des bonbons du Trésor
Que met-on dans un coffre-fort ?
des lingogo des lingots d’or
des parfums de Christian Dior
une photo de Rex ou Médor
Que met-on dans un coffre-fort ?
le caniche ou le labrador
des bidons de graisse de porc
une mâchoire de dinosaure
sa carte vitale ou son passeport
Gaspard Balthazar ou Melchior
un autographe de Nabuchodonosor
il y a pléthore
d’objets morts
qu’on aurait (...)

Comme de l’eau de roche

Fifres aptères au suc de camphre
Éludant l’épique apoptose
Maigres stolons patibulaires
Qu’ont ternis nos taxons de sphaigne
S’érige en juge une épithète
Dont le frai pullule au Vimeux
Qui sourdra des siphons salins
Pour ébahir maints proctologues

Lear réduit à ses didascalies

Ceci est en réalité une pièce chorégraphique de William Shakespeare. J’emprunte le principe à Michelle Grangaud, qui avait réduit Britannicus à ses interjections. Simplement, cette fois-ci, je supprime toutes les paroles du Roi Lear.
ACTE I
Scène 1
La grande salle du palais des Rois de Grande-Bretagne.
Entrent KENT, GLOUCESTER et EDMOND.
KENT montrant Edmond
EDMOND s’inclinant
Fanfares.
Entrent Lear, Cornouailles, Albany, Goneril, Régane, Cordélia et les gens du roi.
Sortent Gloucester et (...)

Morale du parapluie

colonne atmosphérique intubation verreuse pression moléculaire argent impétueux centimètre carré réservoir hermétique réceptacle coudé vase communiquant orages désirés nuages pondéreux condensat menaçant réservoir débordant C’est la douche Nous voilà Trempés Jusqu’aux os Toute Résistance

Vannerie

Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses Et roseraie, elle a vocalisé ce que vocalisent les roseraies Et rosiériste, elle a vociféré ce que vocifèrent les rosiéristes Et rossinante, elle a voilé ce que voilent les rossinantes Et rotatrice, elle a vu ce que voient les rotatrices Et rôtie, elle a voituré ce que voiturent les rôties Et rôtissoire, elle a volatilisé ce que volatilisent les rôtissoires Et rotrouenge, elle a volé ce que volent les rotrouenges Et roubignole, elle a voligé ce que voligent (...)

Terine de Lille-Sud

Les pelleteuses picorent comme des oiseaux
Elles ont grignoté les biscottes ça laisse un trou sur le plan
Et des taches de gasoil irisées comme des plumes
Avant on ne pouvait pas traverser le quartier sans y laisser de plumes
Fréquemment on rencontrait de drôles d’oiseaux
Qui vous piquaient vos sous et vous laissaient en plan
Depuis, les urbanistes ont tracé de nouveaux plans
Ils ont trempé dans l’encre sympathique leur plus belle plume
Et sur leurs beaux dessins il y a des enfants et des (...)

Le manchauve-souris

Le manchauve-souris dort la tête en bas. C’est normal, il passe la nuit au pôle sud. Ce n’est qu’au lever du soleil que le manchauve-souris traverse la Manche pour aller chasser les moustiques au pôle nord. Comme il n’a pas de bras, le manchauve-souris tente d’attraper les moustiques avec les pieds. C’est un exercice tellement difficile que le manchauve-souris est aujourd’hui en voie de (...)