Texte écrit et dit à l’occasion des journées du patrimoine au Métaphone (Oignies).
Bienvenue.
Je devais commencer la visite par une rapide explication des processus qui ont conduit à l’ère carbonifère les débris végétaux à s’accumuler dans des couches sédimentaires recouvertes d’eau et à subir pendant des millions d’années des modifications graduelles de température, de pression et d’oxydoréduction sous l’effet de bactéries anaérobies, pour aboutir à la formation de ces formidables réservoirs métamorphiques constitués de cet atome de carbone si pratique avec ses quatre liaisons covalentes qui peut quasiment se polymériser pour le plus grand bonheur des carbochimistes. Mais on m’a prévenu que j’avais affaire à un public de connaisseurs et que vous étiez parfaitement au fait de ces processus, alors je vais plutôt vous parler de M. Mulot.
En effet, nous ne serions pas ici sans Louis-Georges Mulot. L-G Mulot est un serrurier, c’est-à-dire qu’il travaille le métal. On lui doit notamment un appareil à râper les pommes de terre. Alors vous vous demandez sans doute dans quel but râper les pommes de terre, eh bien c’était pour obtenir de la fécule, qui était notamment utilisée pour fabriquer du papier couché. Mais si vous m’interrompez avec vos questions on n’a pas fini. En tout cas ces pommes de terre prouvent s’il en était besoin que dès sa prime jeunesse Louis-Georges Mulot était porté à fouiller cette terre qui allait faire sa fortune. En 1823 il est amené à réparer les outils de forage d’un puits artésien. À partir de cet instant, Louis-Georges Mulot ne cessera jamais de peser des truies de creuser des puits, et abandonnera les pommes de terre au profit des carottes. Des carottes qui pouvaient atteindre plusieurs centaines de mètres… mais qui n’étaient pas comestibles. Car lorsqu’on creuse un puits, on fait ce qu’on appelle un carottage.
Mais je m’égare. Transportons-nous plutôt à Oignies en 1841. Mme Henriette De Clercq, propriétaire d’un parc cherche de l’eau. Elle a soif Mme De Clercq. Et à qui s’adresse-t-elle pour trouver de l’eau ? À l’épicerie du coin ? Non, à M. Mulot qu’elle fait venir de Paris pour sonder sa propriété. Il faut vous dire qu’à l’époque, les sondages ça ne se passait pas comme aujourd’hui. Aujourd’hui la plupart des sondages se font par téléphone. Quand quelqu’un débarquait chez vous en disant « bonjour, c’est pour un sondage », vous pouviez dire adieu à vos plates-bandes, et le loger pendant plusieurs mois. Toujours est-il qu’en 1842, en remontant une crotte de Mulot, une carotte de Mulot, on note la présence de charbon. Ainsi on peut dire que la chance sourit à Georges Mulot. Ni une ni deux, il décide avec la propriétaire de construire une exploitation minière. Car ils en ont la certitude : cette mine sent le rapport.
C’est un fait : le vocabulaire des charbonnages est une mine pour l’amateur de contrepèteries. La postérité a retenu ce mot fameux "cette mine est notre Pérou". L’histoire ne dit pas si le contrepet était volontaire, mais ce que je peux vous dire c’est qu’on devrait s’abstenir d’évoquer la mine quand on est dyslexique. Enfin on peut passer la mine, mais quand vous conjuguez la mine et la houille, vous arrivez en terrain glissant. Pire encore, nous sommes à proximité d’une plateforme multimodale, et il s’agit presque là d’une mine portuaire.
Pour en revenir à Henriette De Clercq, elle repose aujourd’hui au cimetière d’Oignies, en compagnie de son fils Louis, qui fut maire, député, conseiller général, président du syndicat d’initiative, bâtonnier honoraire au barreau de Douai, auditeur de la chambre régionale des comptes, secrétaire général adjoint de la société patronale pour la tempérance du mineur, titulaire de la carte d’invalidité provisoire, grand-croix de la Légion d’Honneur, doyen de l’amicale de chasse "Les joyeux sangliers réunis", fondateur du groupement pour l’étude et la valorisation du patrimoine architectural souterrain de la basse vallée de l’Escaut, administrateur de la société pour la réintroduction du kangourou dans les forêts vosgiennes, grand chambellan de l’ordre de St-Ursule, médaille d’argent au concours général agricole de Poitiers dans la catégorie produits dérivés de la charcuterie, commandeur suprême de la loge maçonnique des chevaliers du mystérieux tabernacle, 3e prix au concours Lépine 1856 pour son fameux appareil à retourner les crêpes, j’en passe et des meilleures.
Mais assez parlé des fondateurs, des capitalistes. Parlons un peu des ouvriers, les mineurs.
(on se déplace)
La carrière de mineur commence dès le berceau. Il y a une vaste quantité de métiers qu’il fallait pratiquer avant de prétendre pouvoir travailler à l’abattage du charbon à la fosse. Généralement on passait par d’autres fosses plus ou moins pénibles. Les enfants commençaient par l’échelon le plus bas, c’est-à-dire la fosse septique. C’est un travail pas facile, qui demande beaucoup d’abnégation et du coton dans les narines. Après quelques années de ce dur labeur, on pouvait espérer prendre une douche, et éventuellement obtenir une promotion pour travailler dans les fosses communes. Là c’était plutôt un travail solitaire et tranquille, même s’il y avait parfois des coups de bourre, comme après la catastrophe de Courrières en 1906. Enfin, ce n’est qu’après de nombreuses années à ce rythme qu’on avait le droit de devenir galibot puis hercheur. Enfin, il fallait encore patienter au moins quinze ans pour devenir abatteur. Résultat : ce sont des vieillards perclus de rhumatismes qui se retrouvaient à devoir manier le pic ou le marteau au fond des galeries. Et il n’y avait parfois pas même pas la place de mettre une chaise roulante. Heureusement, c’était un travail assez facile, qui ne demandait pas trop d’énergie, puisqu’on travaillait allongé et que le charbon c’est finalement assez mou.
On a coutume de se représenter les conditions de vie au fond comme particulièrement difficiles. Rien n’est plus éloigné de la vérité. J’en veux pour preuve ce témoignage du duc de Croÿ après la visite d’un puits : "je revins sur mon traîneau où il faut quelquefois se coucher presqu’à plat. On m’avait mis un coussin en espèce de canapé. Ainsi on n’est pas mal". Il faut préciser que le duc de Croÿ était le fondateur et propriétaire de la Compagnie des Mines d’Anzin. Curieusement, l’histoire ne mentionne pas si cet auguste entrepreneur, en remontant du puits, a immédiatement donné l’ordre de munir tous les ouvriers de petits coussins en espèce de canapé. En tout cas, on n’en trouve aucune trace dans les archives.
Enfin je ne voudrais pas noircir le tableau, et il faut savoir que les mineurs avaient des loisirs. Ils en ont même inventé. Prenons par exemple le ski. Vous savez sans doute qu’ils ont installé une piste de ski sur un terril à Nœux-les-mines. Eh bien ils n’ont pas fait ça par hasard, mais pour conserver le patrimoine, parce que les mineurs se déplaçaient dans les galeries avec des skis. C’est de là que vient l’expression « ski de fond ». Ce sont les mineurs de fond qui ont inventé le ski de fond. Il faut dire que ça ne marchait pas très bien, en raison de l’absence de neige et heureusement qu’on a inventé les rails et les wagonnets. Faut vous imaginer les mineurs les bras chargés de charbon et glissant maladroitement dans les galeries sur des skis en bois. Le folklore a perduré et on pouvait voir encore dans les années 1950 des enfants faire des batailles de boules de charbon, construire des bonhommes de charbon et descendre des terrils avec les skis en bois. Seulement, on a dû interdire cette pratique à la suite de combustions spontanées. En effet, avec la chaleur due aux frottements, les skis avaient tendance à s’enflammer, et les enfants devenaient culs-de-jatte. Cela dit, c’est précisément l’origine d’une tradition connue sous le nom de descente aux flambeaux, et qu’on pratique encore occasionnellement dans les Alpes.
Au début on faisait un peu n’importe quoi dans les mines. Prenez par exemple le briquet, qui est le nom du casse-croûte des mineurs. Pourquoi le briquet ? Ben d’abord parce que c’est une idée lumineuse parce que quand on donne à manger à un ouvrier, les études montrent qu’il travaille mieux et plus longtemps. Ensuite, le briquet tout simplement parce que c’est une idée de Raoul Briquet, avocat du syndicat des mineurs qui a proposé d’introduire une pause casse-croûte. Bref, ce fameux briquet était constitué de deux tranches de pain recouvertes de saindoux qui renfermaient une tranche de lard au beurre, le tout étant trempé dans la graisse de cheval. Généralement on avalait ça avec un grand bol d’huile pour faire passer. Le résultat, c’est qu’après quelques mois de ce régime, les mineurs ne pouvaient même plus rentrer dans les bowettes. Ils étaient trop gros.
Pour la petite histoire, le pain du briquet était parfois remonté à la surface et donné aux enfants du mineurs. On le surnommait alors le pain d’alouette pour une simple et bonne raison : à la quetion rituelle "Papa, papa, qu’est-ce que tu nous a rapporté de bon aujourd’hui ? La réponse était toujours la même : "Alouette, rien de nouveau".
Heureusement, les patrons qui étaient de vrais philanthropes, ont décidé de remplacer le briquet par du carton bouilli, et les ouvriers ont retrouvé leur maigreur d’antan, maigreur qui est un signe de bonne santé faut-il le rappeler. Par ailleurs, ce fut un gain pour la sécurité, parce que beaucoup d’accidents étaient causés par des mineurs imprudents qui sortaient leur briquet à proximité d’une poche de grisou. On n’a pas idée !
Pour se protéger des éboulements le mineur se coiffait avec barrette. La barrette est un chapeau en cuir bouilli. Ça devait être relativement peu efficace un chapeau en cuir contre un gros caillou et ça n’offrait donc qu’une protection psychologique. Par contre c’était assez esthétique, car un chapeau plat c’est beau. Aujourd’hui encore, on peut dans certains quartiers se procurer une barrette auprès de vendeurs des rues. Une fois sur deux, si on a de la chance, on obtient effectivement du cuir bouilli. L’autre fois, c’est simplement du caoutchouc.
Parmi les dangers qui guettent le mineur, le coup de grisou et le coup de poussière étaient les plus redoutés. Pour l’anecdote, c’est en se souvenant des coups de poussière que bien plus tard certains anciens mineurs devenus terroristes islamistes auront l’idée d’utiliser une couscoussière pour fabriquer leur bombe. Comme quoi, hein !
Tout ceci explique la présence de ces ventilateurs, véritables poumons de la mine, il fallait donc évacuer le méthane, qu’il s’agisse du grisou ou du méthane d’origine humaine, parce qu’il y avait couramment 2000 personnes là-dessous, et je ne parle pas des chevaux.
Avant l’arrivée de ces gigantesques ventilateurs, on assurait une circulation d’air dans les galeries grâce au toque-feu, un foyer en surface qui créait un appel d’air. Aspirer du gaz inflammable avec un feu : une idée de génie.
Vous voyez ces tuyaux, si nous poursuivons notre métaphore organique, ils sont un petit peu le système de circulation sanguine de la fosse 9/9bis. Au départ il s’agit d’acheminer de l’air, puisque les études sont formelles, si on donne de l’air à respirer à ses ouvriers, ils travaillent mieux et plus longtemps. Par la fuite, par la suite, ce fut l’air comprimé destiné aux marteaux pneumatiques. Mais très vite, avec les conquêtes sociales du Front populaire, d’autres tuyaux sont mis en place. Celui-ci servait à faire descendre la chicorée, celui-là le café. Ici un autre tuyau permettait d’acheminer le genièvre, et en ouvrant simultanément les deux robinets au fond, on obtenait directement la célèbre bistoule, ce qui fait de la fosse 9/9bis l’installation minière la plus moderne de son temps. Évidemment, le café additionné de genièvre a des effets laxatifs bien connus, ce qui vous laisse deviner à quoi était employé le dernier tuyau, qu’on utilisait dans le sens de la remontée. Quant à savoir ce qu’on faisait de toutes ces déjections, je vous propose de prendre une pelle et de monter sur un terril, vous comprendrez vite pourquoi la végétation y est si luxuriante.
Nous voici devant le cœur de la fosse 9/9 bis : le chevalement. Quand je dis « le chevalement », je ne veux pas dire que la plus noble conquête de l’homme est mythomane, je veux parler de cette structure porteuse qui nous surplombe de sa majesté, si je peux m’exprimer ainsi, et au sommet de laquelle trône la molette, c’est-à-dire la pouliche euh la poulie sur laquelle repose le câble, organe principal de la machine d’extraction, d’abord actionnée par la force motrice de la vapeur, puis par le moteur électrique. Le câble s’enroule dans ce bâtiment-ci sur un tambour bicylindroconique, vous devriez commencer à prendre des notes, dont le principe est extrêmement simple : la partie centrale du tambour d’enroulement du câble présente un diamètre plus élevé que les parties extérieures. L’enroulement du câble se fait donc au début de la rotation sur la partie extérieure, ce qui permet d’assurer un couple adéquat qui est fonction du différentiel dynamométrique appliqué à l’opposé du point de traction et qui est inversement proportionnel à la longueur du câble multipliée par le poids de la cage divisé par la section et rapporté au coefficient de dilatation en fonction d’une relation vectorielle tangeante au tambour dans son point le plus éloigné de l’axe de rotation, mais bon je n’insiste pas c’est du niveau CM1-CM2.
Jusqu’au début du XIXe siècle, la force motrice nécessaire à la remontée du minerai était assurée par des cheveux. Euh… (prend un stylo, corrige). Je veux dire par des chevaux. Et il en fallait beaucoup, des chevaux. Souvent quand on arrivait dans la mine y en avait tellement partout qu’on s’écriait "que de cheval" ! Alors en plus il paraît qu’on utilisait des chevaux boulonnais. C’est une pratique qui serait interdite de nos jours, d’autant que c’est finalement pas très efficace de boulonner un cheval, parce que pour le faire avancer il faut le déboulonner à chaque fois.
Dans le pays, les vieux racontent encore une histoire qu’on appelle "La légende de la pêche au grisou". Vous savez qu’à l’époque où on envoyait des chevaux en bas, ben on raconte que les pauvre bêtes elles remontaient pas. Elles passaient toute leur vie en bas. Eh ben pour améliorer les profits, les compagnies minières ont eu l’idée d’installer des élevages de chevaux souterrains, dans les galeries désaffectées. Et c’est ainsi que sont nés les haras souterrains. Les chevaux se reproduisent comme des lapins, là-dessous. Ils sont retournés à l’état sauvage, ils mangent des taupes et des endives, et ils prolifèrent à tel point que c’est interdit de descendre. Trop dangereux. Et ce qui est marrant, c’est qu’à force de vivre en bas, ils ont muté. Ils sont devenus tout petits, aveugles et presque translucides. On les appelle les grisous, comme le gaz. Et pendant la guerre, les gens du pays ils accrochaient des taupes au bout d’une corde, ils descendaient la corde dans le puits et quand ils ferraient un cheval, hop, ils remontaient et ils avaient à manger pour la semaine. Parce qu’il paraît que la viande des grisous est délicieuse. C’est un peu l’équivalent du caviar, mais chez le cheval. Une viande blanche, tendre, avec un léger goût de taupe. Enfin, faut aimer mais quand y a que ça on va pas faire le difficile.
Cinéma
Les mineurs passent toutes leurs journées au fond, dans l’obscurité. Quand ils remontent, la nuit est déjà tombée. Au fil des siècles, leur vue s’est donc adaptée à ces conditions particulières, et ils ont développé une hyperphotosensibilité. Le mineur est nyctalope. De fait, une exposition à une lumière trop vive pourrait leur brûler la rétine et les rendre définitivement aveugles. C’est la raison pour laquelle pendant longtemps, de nombreux films ont été interdits aux mineurs. Il n’y a guère qu’une catégorie de film qui ait été autorisée aux mineurs, ce sont les films noirs.
Si on évoque la mine dans la variété française, on pense bien sûr à Pierre Bachelet. On peut penser aussi à Véronique Sanson, qui paraît-il se mettait de sacrées mines (lancer la bande-son). On connaît moins bien la sanson suivante, je vais vous la sentez euh cette chanson je vais vous la chanter elle a raté de peu les épreuves éliminatoires de l’Eurovision 1978 mais je vais néanmoins vous l’interpréter avec toute la fougue de ma jeunesse.
Je suis le guide tout désigné
Pour te parler du bassin minier
Et de tous ses trésors méconnus
Mets-toi donc dans l’ambiance imagine
L’intense vibration des machines
Les muscles saillants la peau nue
En dessous des cités de brique
Les mineurs tout comme des lombrics
Passaient leur vie à faire des trous
Tout au fond d’un boyau humide
Les hommes à la mine livide
Finissaient par devenir fous
Rappelez-vous Zola Germinal
La poussière la chaleur infernale
Tout au fond des galeries mouillées
La façon dont les corps athlétiques
Au rythme des marteaux pneumatiques
Se déhanchent du bassin ouh yeah
REFRAIN
Quand on est au fond du trou
Qu’on broie du noir
Quand on a un coup de grisou
Un coup de cafard
Il faut oser se reposer
Sur l’épaule virile du copain d’à côté
Et puis soudain c’est l’évidence
Tu danses tu danses et tu reprends confiance
Tu redonnes du sens à ton existence
Tout en améliorant ta performance
Le mineur a l’âme d’un poète
Et souvent tout au fond des bowettes
Il s’amusait à faire des vers
Galibot herscheur abatteurs
Tout le monde faisait en amateur
De jolis petits vers de terre
Il fallait se donner de la peine
Mais parfois au détour d’une veine
Pouvait surgir l’inspiration
Les paroles venaient sans effort
On aurait dit des pépites d’or
On avait trouvé un filon
REFRAIN
Quand on est au fond du trou
Qu’on broie du noir
Quand on a un coup de grisou
Un coup de cafard
On peut toujours trouver un petit bout de graphite
Qu’il suffit de tailler pour avoir une mine
C’est à la portée de tous les néophytes
Écrire un poème te donne des vitamines
Ça permet de faire grimper la productivité
Et aussi d’augmenter la valeur ajoutée
Parlé : malheureusement tout cela a disparu et la dernière gaillette a été remontée de ce puits le 21 décembre 1990.
Que reste-t-il de tous ces pionniers
Quelques morceaux de métal rouillé
Les scories d’un secteur en déroute
Des musées des visites guidées
Des anciens travailleurs tout ridés
Des terrils au bord de l’autoroute
On a des centrales nucléaires
Qui présentent des fuites sévères
Dans le circuit de refroidissement
Tchernobyl et Fukushima
On peut dire que par rapport à ça
Le charbon c’est pas si salissant
Salissant !
Cette chanson a été très remarquée dans les cercles de la culture, j’en veux pour preuve ce qu’écrivait Jean-Pierre Ricotat dans le numéro 624 des Cahiers du patrimoine industriel, revue interdisciplinaire des arts et de la culture, je cite : « dans cette ode vibrante à l’émancipation intellectuelle autant que physique d’un monde ouvrier trop souvent dépeint par le petit bout d’une lorgnette coulée dans le moule jacobin d’une vision élitiste de la culture populaire, s’exprime toute la sensibilité naissante d’un monde souterrain qui creuse sans cesse loin des sentiers battus de la culture officielle la problématique du positionnement de l’homme en tant qu’acteur de son environnement, tout en réussissant le tour de force de reconstituer pour un temps les rythmes endiablés qui faisaient des mineurs de fond les véritables précurseurs d’une musique industrielle dont on à peine à croire aujourd’hui qu’elle ait jamais été en relation étroite avec le monde du travail, tant ses thuriféraires actuels défendent mollement une esthétique désincarnée, sans aucun lien avec l’expérience vécue par l’individu dans son rapport à autrui en tant qu’il manifeste un désir d’être reconnu comme expérience intrinsèque de l’altérité ».
Je pense que nous allons terminer là-dessus, car nous voici arrivés à l’heure où la chambre des Machines va se mettre en branle.